La mixité reste à construire
Aujourd’hui la mixité à l’école est devenue un fait incontournable qui recueille l’approbation quasi unanime des enseignant[e]s, des élèves et de l’opinion publique. Tablant sur un changement des “mentalités”, ses partisans crurent de bonne foi que le côte à côte journalier des filles et des garçons suffirait pour faire sauter les carcans des rôles traditionnels. On pensait qu’au fil du temps, les jeunes diversifieraient leurs choix d’études et par là que la polarisation entre options dites masculines et féminines s’estomperait jusqu’à disparaître. Les échanges au quotidien allaient, croyait-on, favoriser la connaissance de l’autre sexe et rendraient les relations entre les femmes et les hommes plus harmonieuses. Bref, la mixité à l’école serait le tremplin de la mixité dans la société.

Force est de constater que cette vision fut bien trop optimiste. Sans objectifs clairs et précis, la mixité multiplia les ambiguïtés: le souci d’égalité formelle masqua les inégalités réelles. Et c’est ainsi que sans débats, ni recherche, bien des questions restèrent en suspens: quelles sont les incidences de la mixité sur les modèles et les identités sexués? La dénonciation verbale des stéréotypes suffit-elle à modifier des comportements sexistes? Peut-on conclure que les filles et les garçons font les mêmes apprentissages du fait qu’ils se retrouvent dans les mêmes lieux, en relation avec les mêmes personnes? Etc.

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