Instituteur a un féminin, professeur n'en a pas. (Déclaration
d'un professeur homme en 1845)
La première de toutes [les innovations à faire], et
qui permettraient des améliorations actuellement impossibles,
ce serait de ne confier l'enseignement des femmes qu'à des
femmes elles-mêmes. (Josephine Bachellery en 1839).
Deux images fortes accompagnent généralement l'éducation
féminine bourgeoise du dixneuvième siècle :
la soeur enseignante et la mère éduquant sa fille.
L'enseignement des demoiselles semble être une affaire de
femmes. Les historiens ont d'ailleurs renforcé cette idée
par leurs analyses qui, en s'attachant aux enseignantes, délaissent
les figures masculines, pourtant très présentes.3
Évoquer cette présence et ses enjeux est une manière
de saisir les représentations sociales du savoir intellectuel.
Si les directrices de pensionnats font largement appel aux professeurs
de sexe masculin, c'est en effet parce que leurs connaissances sont
des garants du sérieux et du niveau d'une institution. Ces
professeurs, cependant, sont aussi des hommes, dans une société
où le cloisonnement entre les sexes se renforce. Leur présence
parmi des jeunes filles provoque donc des débats publics,
à des moments précis _ dans le cadre du courant réformateur
des années 1840, lors de la création des cours secondaires
en 1867 puis des lycées de jeunes filles en 1880 _ débats
où se heurtent des conceptions différentes des relations
entre les sexes.
[...]